Après la fin du tournage de la deuxième partie de la Sit-Com «Lalla Fatima», le producteur de la série Nabil Ayouch nous révèle les motifs qui ont présidé à la réédition de l’expérience et les nouveautés que les téléspectateurs découvriront pendant le moi
Qu’est-ce qui a motivé la production de la deuxième partie de la sitcom «Lalla Fatima»?
Tout simplement le succès de la première partie. Nous avons fait, l’année dernière, une audience extrêmement importante. Mais l’essentiel, à mon sens, c’est que nous avons prouvé, en termes d’audiométrie et de parts de marché, que l’on pouvait faire en sorte que la sitcom marocaine soit populaire mais en même temps de qualité. Notre défi majeur était de réaliser un produit humoristique qui ne soit pourtant pas vulgaire. Car, vous savez, jusqu’à présent, le public marocain a encore tendance, malheureusement, à associer l’humour à une certaine vulgarité. Disons qu’il y a été habitué… Nous avons pourtant réussi à créer un produit télévisé qui plaît à l’ensemble des Marocains tout en restant dans la limite du respect de la société marocaine et de nos valeurs.
Vous dites que la série a été une totale réussite. Pourtant, elle a eu sa part de critiques qui ont désapprouvé le choix de certains thèmes et relevé la vénalité de quelques-uns des épisodes. Quel commentaire cela vous suggère-t-il ?
Les critiques, il y en aura toujours ! Quand on s’adresse, chaque soir, à 15millions de téléspectateurs, on ne peut pas prétendre plaire à tous. C’est impossible ! Ce qui compte, vraiment, c’est le sentiment de l’ensemble. Nous avons fait 60% de taux d’audience. Une première dans l’histoire de la télévision marocaine.
Cet engouement du public n’est-il pas dû surtout au choix du temps de diffusion : ramadan en prime-time ?
Si cela avait été l’unique raison, toutes les séries de l’année dernière et des autres années, diffusées au même horaire auraient fait le même taux d’audience. Or, depuis que la télévision existe, aucune série n’a réalisé pareil exploit. Il est vrai que le mois de Ramadan est une période de forte consommation du produit télévisuel, mais par rapport au taux d’audience des autres programmes de ce mois, notre sitcom a réalisé pratiquement le double. Ce n’est donc pas seulement la période de diffusion qui explique notre réussite. Je crois que c’est aussi la qualité du travail que l’on a fait en amont.
En quoi consiste ce travail réalisé, comme vous dites, en amont ?
Il s’agit d’un travail de longue haleine sur l’écriture de la sitcom. Cela nous a pris une année avant le début du tournage, car il s’agit d’une technique particulière qui, bien évidemment, ne s’improvise pas. Les auteurs ont donc bénéficié de stages spécifiques en la matière. Il n’y avait au Maroc, avant «Lalla Fatima» aucun scénariste formé à l’écriture de ce genre de séries. Nous disposons, maintenant, d’équipes bien rodées. C’est une véritable machine de production bien aiguisée et très performante.
Un effort important a été consenti pour la formation. Vous aurez l’occasion d’en apprécier les résultats dans la deuxième partie de la sitcom. L’exemple le plus significatif est, peut être, celui du jeune réalisateur, Ali Tahiri. L’année dernière, il a été premier assistant du réalisateur français sur le tournage de la première partie. Cette année, il réalise l’ensemble de la série… Vous verrez, il a plein de talent. Le Maroc est capable de donner des réalisateurs «multi-cams» de fiction performants, ; il suffit d’investir dans la formation.
Les membres de l’équipe de tournage sont dans l’ensemble jeunes. Pourquoi ce choix ?
Il est vrai que la moyenne d’âge de l’équipe ne dépasse pas trente ans. Mais ces jeunes sont pour moi, d’abord, des gens doués, talentueux et surtout qui ont beaucoup d’humilité. Il y a deux ans, lorsque l’on a commencé tous ensemble cette grande aventure, ils n’avaient pas toutes les connaissances, mais ils avaient envie d’apprendre. Nous avons tous appris de cette expérience.
Pour revenir à votre question, nous essayons chez Ali’n Production de travailler essentiellement sur la formation avec la jeune génération. Le prix Mohamed Reggab est, à cet égard, un bon exemple. Il permet, chaque année, la production de deux courts métrages de deux jeunes réalisateurs. Nous investissons de l’énergie et du temps, mais à l’arrivée nous avons des satisfactions formidables. Preuve en est, les deux lauréats de la première édition sont en train de réaliser de belles performances : Ali Tahiri est aujourd’hui réalisateur de «Lalla Fatima» et Ahmed Tahiri Idrissi en est l’un des principaux auteurs. Donc, quelque part, il y a une certaine logique dans toute cette démarche.
Quels sont les principaux thèmes choisis pour cette deuxième partie de «Lalla Fatima» ?
Nous restons toujours sur des thématiques très populaires parce que «Lalla Fatima» est une sitcom grand public. Il s’agit de thèmes qui touchent, donc, à la famille, à la société marocaine, aux relations entre les hommes et les femmes, les parents et leurs enfants, et les grands parents. Pour cette deuxième partie, nous avons remplacé la chambre des enfants par la chambre des parents. C’est à dire que l’on va s’intéresser beaucoup plus au couple Lalla Fatima et Si Ahmed.
Cependant, ce qui compte, à mon sens, ce n’est pas réellement les thèmes, parce qu’ils sont à peu près les mêmes partout. L’important, c’est la manière de les aborder en privilégiant l’humour sans pour autant négliger la qualité. L’apport des auteurs, entre autres Rachid Hamane, Ahmed Tahiri Idrissi, Jihane Bahra et du réalisateur Ali Tahiri a été fondamental, à ce niveau. Ils ont réussi à tourner des scènes dynamiques et tellement drôles que l’on ne s’ennuie pas une seconde.
Lematin